AVANT GARDE

PETITE BALADE HISTORIQUE
PRCF

Ces vœux seront pleinement exaucés le 10 juillet 1940, une majorité de parlementaires de la IIIe République prennent acte de la mort de celle-ci en votant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. La collaboration avec l’occupant allemand va être pratiquée et encouragée par l’Etat français, le pays va littéralement être pillé par l’envahisseur, la répression anticommuniste va être confirmée entraînant également la chasse au démocrate, l’antisémitisme va être officialisé.

 Mais une partie de plus en plus importante du peuple français refusent que celui-ci devienne « un peuple d’esclaves ». Ces Français, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs, s’engagent, chacun à leur manière, sur le chemin de la Résistance nationale (12). Le Parti communiste français, en dépit de la répression dont il faisait déjà l’objet, s’implique dès 1940. Il reconstitue une organisation, après quelques faux pas bien compréhensible au regard de ses possibilité de fonctionnement et du caractère du conflit, il condamne l’agresseur nazi et ses zélateurs locaux. Dans les premiers temps de l’occupation, le Parti poursuit l’agit-prop, soutient les revendications des travailleurs et des ménagères. Bientôt, les premiers sabotages sont effectués (13).

 Après l’invasion en juin 1941 de l’URSS, principal point de résistance au fascisme, les actes de résistance des communistes redoublent d’intensité. Rejetant l’attentisme longtemps prôné par le général de Gaulle, les communistes pratiquent la lutte armée contre l’occupant tout en recherchant l’unité avec les autres organisations de la Résistance. Le prix payé par les communistes dans les combats de la Résistance est tel que le PCF pourra, à la Libération se qualifier de « parti des fusillés », sans être contredit, Les historiens de tous les horizons ont, avec la distance nécessaire à leur matière de prédilection, dégonfler les exagérations de la propagande, mais, dans le même temps, ils ont confirmé la combativité et parfois l’héroïsme des militants communistes, du plus modeste des militants à Jacques Duclos (14), dirigeant clandestin du parti durant toute l’occupation.

La classe ouvrière « resté fidèle à la Nation profanée », et les résistants qui ont libéré Paris et plusieurs localités ont sauvé l’honneur de la France. Le poids du Parti communiste français à l’intérieur d’une part et le prestige acquis par l’Union soviétique et Staline à l’étranger d’autre part permettent à tous les Français de bonne volonté d’effacer « l’étrange défaite », de reconstruire le pays et de lui rendre les moyens de son universalisme humaniste.

Ce côté lumineux a malheureusement été terni par la longue agonie de l’empire colonial français ; des massacres de Madagascar aux « évènements d’Algérie » en passant par la guerre d’Indochine, beaucoup d’occasions d’établir des relations fraternelles et respectueuses avec les peuples dont il avait la tutelle ont été manquées.

Si, paradoxalement, la réaction profitait de cette situation pour revenir sur les acquis de la Libération, l’esprit de la Résistance inspirait les grandes décisions en matière d’indépendance nationale sur lesquels les communistes et les gaullistes pouvaient se retrouver (retrait du commandement intégré de l’Otan par exemple).

L’évolution de la société et la modification des mœurs furent les éléments déclencheurs du grand mouvement de mai-juin 1968 (15). Le PCF et la CGT surent tirer parti de celui-ci en le plaçant sur le terrain social et politique : les accords de Grenelle entérinèrent une hausse conséquente des salaires et rendirent possible la création des sections syndicales d’entreprise. Mais, pour répondre aux changements économiques et sociétaux (essor de la société de consommation, influence grandissante du modèle américain au niveau capitalistique, politique et culturel, etc.), la bourgeoisie française s’affranchit peu à peu du gaullisme et de sa vision nationale et traditionnelle de la société. La disparition du général de Gaulle et la perte de substance de son mouvement, les prémices de l’affaiblissement du Parti communiste, les crises pétrolières ainsi que le retour des idées libérales et libre-échangistes trouvent leur traduction dans les réorientations stratégiques nationales en France sous le septennat de Giscard d’Estaing (institution d’un système monétaire européen, liberté de contraception, désengagement économique de l’Etat, lois sécuritaires, etc.).