Annie Lacroix-Riz
- De
Munich À Vichy
(PRESENT
DANS LE CATALOGUE)
La
collaboration, avons-nous tous appris, est la conséquence de
la terrible défaite de 1940. Mais si la défaite
avait été elle-même le
résultat d’une « collaboration
» déjà fort bien anticipée
entre une fraction de l’appareil d’État
et des milieux d’influences français, et un
déjà quasi occupant nazi ?
La
question est taboue. De plus, comment imaginer que, tel le joueur de
flûte d’Hamelin, les ennemis acharnés de
la démocratie fusionnés avec les
stipendiés de Berlin et de Rome aient pu si efficacement, et
dans les normes du secret, faire d’une part suffisante du
haut personnel de la Troisième République les
complices de sa destruction ?
Comment
? Il fallait d’abord rouvrir le dossier, bien
scellé par ce qui nous restait d’illusions, et
revenir aux archives. Le constat est accablant. Annie Lacroix-Riz a
réuni les mille pièces à charge
d’une incontestable entreprise de subversion de
l’État républicain….
Il
fallait ensuite reconstituer ces chemienements de corruption et de
connivence qui ont fini par placer le centre de gravité de
la trahison au coeur même de l'État. S'il est un
mythe intenable, c'est celui d'un complot au franges, de l'autre
côté d'une ligne Maginot de
sécurité républicaine qui aurait tenu
jusqu'à l'invasion: en réalité, toute
une chaîne de complicités, de l'extrême
droite aux rassurants radicaux, en passant par l'État-Major,
a voulu la mort du régime. À n'importe quel prix.
Mais
pourquoi, dira-t-on ? Difficile de le comprendre sans un retour
sur les enjeux de l'époque. Comme nous ne voyons plus bien
les raisons du crime, nous sommes tentés de penser
qu’il n’a pas eu lieu. Mais les raisons
étaient bien là, et l’auteur nous les
rappelle avec une froide rigueur.
Certaines
n’ont peut-être pas
complètement disparu: ce vieux malaise
d’une part de nos élites avec le double fait
national et démocratique…
Annie
Lacroix-Riz, ancienne élève de
l’École normale supérieure,
agrégée d’histoire contemporaine
à l’Université Paris 7. Elle a
notamment publié: Le Vatican, l’Europe et le
Reich, Industriels et banquiers sous l’occupation et Le Choix
de la défaite.